signaux: 2017

Partout, la transmission du savoir devient une marchandise. Les jeunes s’endettent pour apprendre. Prises au jeu de la compétition mondiale, les universités se transforment en gigantesques entreprises… Mais à quel prix... et au profit de qui ?
Aux états-Unis, les frais moyens d'inscription à l'université s'élèvent à 17385 dollars par an soit l'équivalent de quatorze smics. A ce prix, pour le plus grand nombre, étudier revient à s'endetter jusqu’au cou. Aux USA, le montant de la dette étudiante est de 1300 milliards de dollars.
Bien sûr aucun risque de ce côté là en France ?
l'importance prise par les palmarès universitaires, et le marketing acharné que pratiquent les grandes écoles de commerce ou d'ingénieur montre que la réponse à cette question n'est pas si simple.
En France aussi "le marché de l'étudiant" est un gigantesque bassin de clients disposés à s'endetter sur des dizaines d'années pour décrocher le diplôme qui leur assurera une carrière heureuse et un retour d'investissement lucratif.
Dans le secteur de l'enseignement secondaire la vague libérale veut faire porter le coût des études sur les familles plutôt que sur les états, et les directeurs d'université surenchérissent en soutenant que les contribuables n'ont pas à payer la formation puisque "plus tard ce seront ces jeunes qui auront les meilleurs salaires".
Autrement dit, puisque les études permettent de faire carrière, c'est à chaque étudiant de financer sa formation.
Parallèlement, l'enseignement supérieur baigne de plus en plus dans la doctrine libérale du marché et de la culture d'entreprise. Il s'agit désormais de recruter les étudiants aptes à faire briller l'établissement à coup de publications et à le faire grimper dans les classements pour majorer encore le ticket d'entrée et promouvoir le prestige de l'école devenue marque. Même si la fac est gratuite, Sciences-Po, Paris Dauphine et naturellement toutes les écoles de commerce imposent des frais d'inscription qui peuvent s'élever à des dizaines de milliers d'euros pour une année.
Tout se passe comme si le véritable projet dessein des idéologues du payant était d'endetter les étudiants afin que ceux-ci soient tenus par le remboursements de leurs emprunts sans pouvoir remettre en cause le système dans lequel ils travailleront.
Jean-Robert Viallet, auteur du documentaire 'Etudiants, l'avenir à crédit' pense que "pour les libéraux purs et durs il est fondamental de dominer l'enseignement supérieur, ce lieu où se pense la critique".
La privatisation de l'enseignement supérieur est un parfait exemple de dispositif de contrôle du système néolibéral qui filtre l'accès au savoir puis soumet les diplômés par le biais de la dette.
Etudiants, l'avenir à crédit. Documentaire de Jean-Robert Viallet (2016).
Diffusion sur Arte Mardi 16 mai 2017 à 20:50.

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